Le sein semble être la propriété de tous depuis la nuit des temps.

De tous, pas de toutes…

Les hommes écrivent l’histoire et la valeur qu’on se doit de donner aux poitrines depuis si longtemps que c'est entré dans nos moeurs. 

Selon les époques, les civilisations, les modes, il lui faut du volume, parfois gargantuesque, parfois mesuré, de la rondeur, de celle d’une pomme ou encore d’une poire.

Maternel ou érotique, le sein doit être couvert, tout ou partie selon les modes, tant il est précieux et capable de faire basculer le Monde d’un côté ou d’un autre.

Objet de désirs et de complexes, de discussions ou de débats, les diktats patriarcaux sont si forts que, non seulement certaines femmes mettront tout leur coeur pour s’y plier, mais, de surcroît, la gente masculine veut, elle aussi, se désapproprier de cette partie anatomique en s’infligeant par la même les contraintes imposées à l’autre sexe. De plus en plus d’adolescents et jeunes adultes vouent un culte aux pectoraux, en sont fiers ou, au contraire, en ont honte.

Je me demande jusqu’où ira cette folie de la normalisation quand il s’agit d’une des rares richesses qui nous appartienne vraiment, notre corps et avec lui, nos seins.

La poitrine serait-elle l’organe absolu du pouvoir ? Je m’interroge.

Il faut croire que oui puisqu’on en a défini des critères précis pour qu’il puisse s’apparenter à la Perfection et au Beau. Mais je suis intimement persuadé que la Perfection est illusoire, le Beau se trouvant dans la différence que chacun de nous apporte au Monde.

Dans cette série, je mets en scène les seins, petits ou gros, tombants ou non, avec la volonté de dévoiler le merveilleux qu’ils dissimulent quand les courbes exaltent leur grâce. Peu m’importe s’ils ne répondent pas aux critères standardisés du moment car, derrière eux, se cachent les appas de l’âme et des tourments qui l’accompagnent.

Les modèles qui m’ont fait confiance sont des personnes comme vous et moi. Elles ont accepté de dévoiler leur précieux trésor, parfois avec fierté, parfois avec timidité, mais toujours d’une manière consentie entre elles et moi, sans l’approbation collective qui prône la bienséance normalisée : tel un contrat d’acceptation signé sous seing privé.

Expériences Ô combien formidables qui me font, encore aujourd’hui, voyager dans des univers bien au-delà des enveloppes charnelles qui m’ont été offertes. Sensualité et érotisme, certes,  provocation, parfois, mais aussi paysages lunaires ou encore quelques poésies des aréoles se sont invités sur des terres que l’opinion aurait qualifié de friches. Parmi les femmes que j’ai pu couvrir d’or, l’une d’entre-elles a subi plusieurs tumorectomies. 

Je ne nie pas être influencé, dans mon approche, par mon passé. Ma défunte épouse, morte des suites d’un cancer du sein, n’a pu aller au-delà de son dégoût d’elle-même après l’amputation du gauche. Tandis que moi je lui rappelais sans cesse que l’enveloppe corporelle n’est rien en comparaison de la beauté de l’âme. En vain… Peut-être est-ce la raison pour laquelle ce travail n’est initié, à l’heure d’aujourd’hui, qu’avec la gente féminine, comme un rappel aux germes qui ont contribué un tant soi peu à la naissance de cette série.

J’ai bien-sûr dans l’idée d’étendre mes travaux à la caste masculine, cette série n’est pas fermée. Mais j’ai besoin de temps pour me remettre de ces premiers accouchements visuels qui ne se sont pas faits sans difficulté émotionnelle. 

Dans l’intervalle, je laisse entrer chaque personne qui le souhaite dans l’intimité onirique que j’ai pu partager avec celles qui ont bien voulu dévoiler le Portrait d’Or® qui se cache en elles. 

CarCam